La phyto-épuration : vraie alternative écologique ?

Roseaux utilisés en phytoépuration

Qu’est-ce que la Phyto-épuration ?

La phyto-épuration, également connue sous le terme de « traitement par filtres plantés », est une technique naturelle de traitement des eaux usées domestiques, agricoles ou industrielles. Ce procédé repose sur l’utilisation de plantes aquatiques et semi-aquatiques pour épurer les eaux usées, en se basant sur les interactions complexes entre les végétaux, les micro-organismes du sol, les substrats (comme le gravier, le sable ou l’argile) et l’eau.

Comment fonctionne la phyto-épuration ?

1. Prétraitement:
– Dégrillage : Les eaux usées passent d’abord par une phase de prétraitement pour enlever les gros débris et matières solides.
– Décantation: Les particules plus lourdes sont sédimentées au fond d’une cuve de décantation, permettant de séparer les solides des liquides.

2. Système de Filtres Plantés :
– Bassin à Écoulement Vertical : L’eau est distribuée sur la surface d’un filtre planté de roseaux ou de massettes, et percole à travers le substrat. Les racines des plantes assurent une aération naturelle, favorisant l’activité des micro-organismes aérobies qui dégradent la matière organique et les polluants.
– Bassin à Écoulement Horizontal : Après le passage dans le filtre vertical, l’eau entre dans un filtre horizontal où elle se déplace lentement à travers le substrat. Les micro-organismes anaérobies présents dégradent les composés restants.

3. Processus biologiques et physico-chimiques :
– Filtration mécanique : les particules en suspension sont retenues par le substrat (sable, gravier).
– Dégradation biologique : les micro-organismes décomposent la matière organique (azote, phosphore) en éléments moins nocifs.
– Absorption et assimilation : les plantes absorbent les nutriments (azote, phosphore) nécessaires à leur croissance, contribuant ainsi à la purification de l’eau.
– Adsorption : les métaux lourds et autres polluants sont fixés sur les surfaces des substrats.
– Phytorestauration : les plantes jouent un rôle de bioindicateurs et de remédiateurs, contribuant à la stabilisation et à la régénération de l’écosystème.

Les types de plantes utilisées

Les plantes utilisées dans la phyto-épuration sont sélectionnées pour leur capacité à survivre dans des environnements saturés en eau et pour leur efficacité à absorber et à décomposer les polluants. Parmi les espèces couramment utilisées, on trouve :
– Phragmites australis (Roseau Commun) : excellent pour l’aération des substrats grâce à son système racinaire dense.
– Typha latifolia (Massette à Feuilles Larges) : efficace pour l’absorption des nutriments et la stabilisation des sols.
– Iris pseudacorus (Iris des Marais) : contribue à la dégradation des matières organiques et améliore l’esthétique du système.

Avantages et limites de la phyto-épuration

Avantages :
– Écologique : pas d’utilisation de produits chimiques, favorise la biodiversité locale.
– Économique : coûts d’exploitation et de maintenance réduits par rapport aux systèmes conventionnels.
– Durable : système à long terme avec une faible empreinte écologique.
– Esthétique : intégration paysagère harmonieuse.

Limites :
– Espace : nécessite une surface de terrain suffisante pour les bassins.
– Climat : efficacité variable en fonction des conditions climatiques (froid, sécheresse).
– Maintenance : exige un suivi régulier pour éviter l’engorgement et assurer la santé des plantes.

Mise en Place d’un Système de Phyto-Épuration

  1. Étude de Faisabilité : Analyse de la qualité des sols, du débit des eaux usées et des contraintes locales.
  2. Conception : Dimensionnement du système en fonction des besoins domestiques.
  3. Installation : Création des bassins, plantation des végétaux et mise en place des substrats filtrants.
  4. Entretien : Suivi régulier pour assurer l’efficacité du système (taille des plantes, contrôle des bassins).

Réglementation et Aides Financières

La mise en place d’un système de phyto-épuration doit respecter les normes locales d’assainissement. Il est souvent nécessaire de déposer un dossier auprès des autorités compétentes pour obtenir les autorisations nécessaires. Par ailleurs, des aides financières et subventions peuvent être disponibles pour les particuliers souhaitant investir dans ce type de système écologique et durable.

Conclusion

La phyto-épuration représente une alternative écologique et durable aux systèmes d’assainissement traditionnels comme la fosse septique. En plus de ses nombreux avantages environnementaux, elle offre une solution esthétique et économique pour les particuliers. Pour ceux désireux de s’engager dans une démarche écoresponsable avec la construction ou la rénovation d’une maison bioclimatique,  la phyto-épuration est une option à envisager sérieusement.